Canadian Pharmacists Association
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Le point sur la pharmacie : Rencontre avec Jaris Swidrovich

Jaris Swidrovich

Jaris Swidrovich, BSP, PharmD, PhD(c), AAHIVP, pharmacien inscrit (il/iel)
Professeur adjoint, enseignement, Faculté de pharmacie Leslie Dan, Université de Toronto

M. Jaris Swidrovich est professeur adjoint, enseignement, et responsable de la consultation des Autochtones à la faculté de pharmacie Leslie Dan de l’Université de Toronto, où il fait de la recherche, enseigne et est chargé de différentes fonctions administratives. C’est un pharmacien d’ascendance saulteaux et ukrainienne membre de la Première Nation de Yellow Quill, queer, bispirituel et handicapé. Sa mère est une survivante de la rafle des années 1960, et sa grand-mère comme son arrière-grand-mère étaient des survivantes des pensionnats indiens. M. Swidrovich est le fondateur et le président des Professionnels et professionnelles autochtones de la pharmacie du Canada.

Questions et réponses

Nous avons rencontré Jaris Swidrovich pendant le Mois national de l’histoire autochtone afin de parler avec lui de l’exercice de la profession et de l’importance primordiale de l’éducation pour fournir aux collectivités autochtones des soins de santé sécuritaires et inclusifs.

Quelle est la principale chose que peuvent faire les pharmaciens afin de créer un espace sécuritaire et inclusif pour les patients autochtones?

L’éducation. Même les personnes les plus gentilles et les mieux intentionnées peuvent créer un environnement qui n’est pas sécuritaire ou inclusif si elles sont mal informées, désinformées ou pas assez bien informées. J’encourage les professionnels de la pharmacie à chercher des occasions de s’instruire, y compris par des livres, des balados, des films, des articles, des exposés, et à assister à des événements et à des cérémonies autochtones.

Pourquoi est-il important d’avoir des soins de santé adaptés aux différences culturelles, surtout dans une  pharmacie?

Les soins de santé adaptés aux différences culturelles sont importants dans tous les cadres, mais cela ne suffit pas. Nous devons aller au-delà de la sensibilisation, de la sensibilité et de la compétence culturelle pour progresser vers des soins culturellement sécurisants qui visent à perturber le déséquilibre du pouvoir et la hiérarchie dans les soins de santé et la pharmacie. En tant que professionnels de la santé les plus accessibles et souvent en qui on a le plus confiance, nous avons non seulement une immense occasion de bien faire, mais aussi une immense occasion de mal faire. Il est essentiel aussi de réfléchir pour comprendre pourquoi nous voyons de telles disparités dans les résultats en matière de santé entre les populations autochtones et non autochtones du Canada, afin d’offrir des soins de santé adaptés aux différences culturelles et sécuritaires sur le plan culturel.

Comment les pharmaciens peuvent-ils jouer un plus grand rôle dans la défense de soins de santé inclusifs et tenant compte des différences culturelles, surtout pour la communauté autochtone?

En tant que pharmaciens, nous détenons beaucoup de « pouvoir » dans nos collectivités et dans tout le pays. Des millions de vies au Canada dépendent chaque jour de nos compétences et de nos services. Nous devons examiner le pouvoir que nous détenons, surtout collectivement à l’échelle nationale, et utiliser notre voix pour apporter des changements, afin de remédier aux effets sur la santé des Autochtones de nos politiques, nos procédures et nos systèmes coloniaux. Les moins bons résultats en matière de santé des Autochtones du Canada résultent de politiques gouvernementales passées et présentes et ne sont dus à aucune infériorité génétique ou sociale. Nous devons donc nous concentrer sur les systèmes et sur tous les déterminants sociaux de la santé, ce qui contribuera à des soins plus inclusifs et plus sécuritaires sur le plan culturel pour les collectivités autochtones.

Quelle est la plus grande erreur que commettent les fournisseurs de soins de santé lorsqu’ils s’occupent de patients autochtones et comment peuvent-ils mieux faire?

Partir du principe qu’ils en savent assez sur les Autochtones, sur ce qu’ils ont vécu et sur leurs conditions de vie. Nos programmes éducatifs ne nous préparent pas assez bien à fournir aux Autochtones des soins qui soient sécuritaires, informés et équitables. Les fournisseurs de soins de santé doivent donc faire de l’éducation une priorité. Autrement, on nous fournira toujours des soins inférieurs à ceux que reçoivent des personnes qui ne savent rien ou qui n’en savent pas assez.

Quelle est pour vous la partie la plus gratifiante de l’exercice de la pharmacie?

Il y a un thème en l’occurrence et il est sans doute évident : l’éducation! Je suis reconnaissant d’être pharmacien, clinicien, chercheur et éducateur. Chacun de ces rôles nécessite une éducation ou contribue à l’éducation. Mes enseignements sont que mes façons de penser, de savoir, d’être et de faire devraient avoir une incidence positive sur les sept prochaines générations et je crois qu’être pharmacien universitaire est une manière fantastique de réaliser cette responsabilité.

Y a-t-il autre chose que vous aimeriez nous dire concernant l’exercice de votre profession ou un autre sujet qui vous tient à cœur?

J’aimerais encourager les professionnels de la pharmacie et tous les professionnels de la santé dans le pays à fabriquer ou à acheter un chandail orange pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre, qui est aussi appelée Journée du chandail orange. J’encourage les gens à penser au chandail proposé par les Professionnels et professionnelles autochtones de la pharmacie du Canada, car tous les bénéfices sont versés à un fonds réservé exclusivement aux professionnels de la pharmacie et aux étudiants en pharmacie autochtones qui sont des survivants intergénérationnels des pensionnats indiens du Canada. Ces chandails sont en vente à www.awasisboutique.ca et vous avez jusqu’au 1er juillet pour en passer commande!